Louise Sainte-Martine : d'égérie publicitaire à la Résistance par Franck SAINTE-MARTINE

Louise Sainte-Martine : d'égérie publicitaire à la Résistance

Par Franck Sainte-Martine

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Le Rouennais Franck Sainte-Martine, artiste plasticien, choriste, biographe, initiateur et co-auteur du livre d’artiste Dreamland, se passionne pour l’histoire de ses ancêtres. Après avoir remonté pendant huit ans la trace de son arrière-grand-oncle Octave Pelletier, hypnotiseur, lecteur censeur au Contrôle Postal de Dieppe et négociant en huiles d’olive à Nice puis celle de son frère, Émile Pelletier, épicier à Vernouillet et Alphonse Oréel, passeur sur Seine et constructeur de « fauvettes » à Triel, il s’est intéressé à sa grand-mère, Louise Sainte-Martine, ancienne résistante sottevillaise et égérie publicitaire.

Retrouvez l'interview de Franck Sainte-Martine dans le numéro 27 de notre revue Fenêtre sur Tour

1931

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Publicité R.-L. Dupuy pour le bain de bouche PYO des chirurgiens dentistes marseillais Brodeur

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Lettre de recommandation du publiciste Roger-Louis Dupuy

En 1931, Louise Sainte-Martine, née Coudard, entra au service du talentueux publiciste parisien d’origine rouennaise Roger-Louis Dupuy (1899-1975). Alors âgée de seize ans, elle tenait beaucoup de sa mère, Rachel Carrière, alias Rachel Deréal, chanteuse lyrique, mime-diseuse et partenaire de Lock-O-Ni, l’intrépide « cycliste de la mort » japonais. Rachel posait volontiers devant l'objectif du photographe. D’une beauté saisissante, son visage évoquait étrangement celui de l’actrice Orane Demazis, immortalisée dans la Trilogie marseillaise. L'œil averti de Dupuy ne s'y trompa pas. Employée comme secrétaire dactylographe sténotypiste, Louise devint bien vite sa muse, prêtant son visage à diverses réclames, que ce soit pour Ouest-Lumière, la compagnie d’électricité de Puteaux intégrée en 1946 à Électricité de France, l’Huile des Bénédictins de Seclin, l’électro-balai Era de Malakoff, les huiles pour cheveux RI-CI-KA de Clichy ou encore la « dentifricerie » marseillaise PYO. Louise quitta l’agence pour se marier, en 1935, au Grand-Quevilly mettant ainsi fin à une carrière publicitaire prometteuse.

Seconde Guerre mondiale

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Carte de Louise Sainte-Martine du Mouvement de Libération Nationale, Action féminine. Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère de Grenoble. Don F. Sainte-Martine.

Une carte du Mouvement de Libération Nationale, section féminine, datée de 1944 et cette histoire : à La Madeleine, Notre-Dame-de-Mésage, près de Vizille (Isère) où elle résidait, une chambre recelait une collection d’armes abandonnée par l’ancien locataire. Parmi ces reliques, des revolvers que Louise décida de remettre entre les mains des résistants du maquis de l'Oisans. Pédalant dans la côte de Laffrey, elle se retrouva face à un barrage allemand. Explications sur la raison de sa présence en ces lieux, sourire. Étonnamment, son sac ne fut pas fouillé. La journée s'acheva avec l'invasion de Vizille par les troupes allemandes.

Années 50-80

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Façade de la laverie au 33, rue Saint-Vivien à Rouen. Archives municipales de Rouen

Louise, pour rejoindre sa laverie au 33, rue Saint-Vivien à Rouen, traversait la Seine à bord de son Ondine bleue, cette berline surnommée malicieusement « la savonnette ». Parmi sa clientèle habituelle, les militaires toujours pressés de la Caserne Philippon, pourtant située juste en face et des Sénégalais, nombreux dans le voisinage, qui sollicitaient fréquemment son assistance pour remplir leurs feuilles de Sécurité Sociale.

        Enfin, je me souviens de la maison du 18, rue de Stalingrad, en face de l’actuelle station de métro Toit Familial de Sotteville-lès-Rouen. En été, on y cueillait les prunes du jardin, et, la nuit tombée, on retrouvait dans le ciel par dessus le toit, les 7 + 7 étoiles de la grande et de la petite casserole. Louise, devenue Sottevillaise en 1960, s'éteignit le 17 novembre 1983 et repose au cimetière de l'avenue du 14 juillet.