Soldats et conscrits

Les archives découlant des obligations imposées aux citoyens pour la défense de la patrie, et qui remontent à la Révolution, constituent des sources précieuses pour l’histoire des personnes. Portant sur l’ensemble les hommes âgés de 20 à 25 ans, divisés en cinq classes, la conscription (loi du 5 septembre 1798) impose l’inscription sur une liste de recensement de tout citoyen valide et sa réquisition par tirage au sort. Très impopulaire, cette loi subit de nombreuses modifications : dispenses (1818), réglementation du remplacement, de la substitution et des exemptions (1832), loi Niel (1868) jusqu’à la loi du 21 mars 1905 qui établit le service militaire obligatoire, supprime le tirage au sort et affirme l’égalité de tous devant le service.

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A quelle classe appartient un jeune homme ?

Tous les jeunes gens nés la même année forment une classe inscrite chaque année en vue de lever le contingent militaire fixé dans chaque département.
A partir de l’an VIII (1800), le recensement est effectué dans l’année qui suit la vingtième année de l’individu. Ainsi pour connaître la classe, il suffit d’ajouter 20 ans à l’année de naissance.
Ex : un jeune homme né en 1825 appartient à la classe 1845.

Où est recensé un jeune homme ?

Les célibataires doivent se faire recenser à la mairie du lieu de résidence de leurs parents.
Les hommes mariés ou émancipés se font recenser à la mairie de leur lieu de résidence habituel (domicilié depuis au moins un an).
Pour notre département et une partie de l’Eure, un tableau situé à la fin du répertoire de la sous-série 1 R permet de trouver le bureau correspondant à la commune du domicile. La Seine-Inférieure est divisée en trois bureaux : Rouen-Nord, Rouen-Sud et le Havre. 

Quels documents consulter ?

Les documents provenant de la conscription sont conservés dans la sous-série 1 R. La nature de ces documents a suivi l’évolution de l’institution : tableaux du recensement communal, listes du tirage au sort, procès-verbaux du conseil de révision. En principe tous les jeunes gens d’une classe sont concernés par ces opérations.
Pour la période 1865 à 1940, on possède les registres matricules de recrutement militaire (1 R 2643-3676) qui concernent exclusivement les individus ayant effectué un service national. Ces registres sont classés par bureau de recrutement et par année (l’année du registre correspond à la classe). Quelques registres concernant des communes de l’Eure qui dépendaient du bureau militaire de Rouen sud sont conservés dans nos collections. A partir de 1871, ils sont munis de tables alphabétiques.
Les registres et tables sont disponibles en ligne : ils sont indexés au nom de l’individu de 1894 à 1921.
Il est possible de participer à l’annotation collaborative des registres.

 Pour les soldats incorporés dans la Marine, il faut se référer à l'itinéraire de recherche sur les marins. Enfin, la base Mémoire des Hommes consacre une rubrique pour les incorporés dans l'Aéronautiques pendant la première guerre mondiale.

Les séries 2R, 4R et 10R fournissent aussi de nombreuses informations sur les soldats. La sous-série 2R2 contient les archives du conseil de Guerre de la 3e région militaire. on y retrouve des informations entre autres sur les mutins de la première guerre mondiale.

Communicabilité

Comportant souvent des informations de caractère médical, les registres matricules sont communicables 25 ans à compter de la date du décès de l’intéressé ou, si la date de décès n’est pas connue 120 ans après la naissance. Des dérogations peuvent toutefois être accordées aux descendants.

Intérêt des registres matricules

Les registres matricules militaires rassemblent des indications précises sur les jeunes gens inscrits : filiation, aspect physique, domicile, niveau d’instruction, déroulement des services, citations et décorations. Ils sont donc une source précieuse pour les recherches généalogiques mais aussi historiques.

Recherche d'un soldat selon son statut.

Les prisonniers. Concernant la première guerre mondiale, la gazette des Ardennes fournit des listes de prisonniers mais  elles ne sont pas exhaustives. Le  Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (BAVCC) à Caen, conserve des archives concernant les prisonniers des Première et Seconde Guerres Mondiales. Dans les archives de la Croix Rouge, il est également possible de trouver des informations sur les soldats prisonniers et des témoignages de ce qu’ils ont vécu.

Les disparus. Nous n’avons pas d’information sur les disparus dans les fonds des Archives de Seine-Maritime. Pour la première guerre mondiale, un journal édité durant cet période est accessible sur Gallica.

Les blessés. Les dossiers médicaux des soldats sont conservées au Service des archives médicales hospitalières des armées (SAMHA) Très peu d’archives des hôpitaux de campagnes sont conservées dans les départements, l’administration militaire ayant pour particularité de tout centraliser.  

Les mortsSi vous connaissez la date du décès de la personne que vous recherchez, une transcription doit se trouver dans le registre d’état civil de son lieu de résidence. Mais de nombreuses autres sources permettent de retrouver la trace des soldats morts durant les conflits.

  • Mémoire des hommes : Le site mémoire des hommes recense l’ensemble des morts pour la France durant la première guerre mondiale.
  • Il peut aussi être utile de consulter l’état-civil des régiments, ambulances et hôpitaux conservé aux Archives nationales. Ce fonds est composé de 9233 registres d'état civil tenus sur le terrain par les officiers des unités engagées dans le combat, ainsi que par les ambulances et hôpitaux militaires, sur l'ensemble des théâtres d'opérations (en France mais aussi en Allemagne, Belgique, Grèce, Turquie, Orient, ...) ... jusqu'en 1927.
  • Testaments :  le projet Testaments de Poilus vise à produire une édition électronique d’un millier de testaments des Poilus de la Première Guerre mondiale retrouvés dans les fonds des Archives nationales et des Archives Départementales des Yvelines.

Suite aux nombreux décès sur le front durant la première guerre mondiale, l’état orchestre le rapatriement des corps. En 1923, il fut prévu que l’État procéderait à la restitution des corps inhumés en dehors du territoire métropolitain. Le transfert des corps des militaires, marins et victimes civiles inhumés dans les départements de l’ancienne zone de l’intérieur ne commencèrent réellement qu’à partir du 15 octobre 1922. La sous-série 10R des archives départementales de la Seine-Maritime contient la plupart des listes de corps rapatriés par convoi en Seine-Maritime.

Les Anciens combattants. Organisation nationale des Anciens Combattants : les fonds de pupilles et d’anciens combattants gérés par l’ONAC sont déposés aux archives départementales et sont pour la plupart communicables. La sous-série 3R contient de nombreux documents sur les guerres du XIXe siècle. Et plusieurs versements de la série W viennent de cet organisme. Ces fonds contiennent des fiches et des dossiers individuels d’une grande richesse.

Les fonds privés d’associations d’anciens combattant par régiments ou par front peuvent aussi apporter des informations intéressantes. Ils sont à compléter avec la presse relatant parfois leurs activités.

Des ressources nationales accessibles à tous

       De nombreux travaux ont été menés, particulièrement à la suite du centenaire de la première guerre mondiale. Cela a produit des bases de données accessibles pour tous qui recensent de nombreuses informations utiles pour retracer le parcours d'un soldat, d'un régiment....

 -        Pour la période antérieure aux registres matricules militaires, il y a la numérisation des registres des soldats des armées napoléoniennes qu’il ne faut pas négliger. Ces sources permettent de retrouver trace des conscrits napoléoniens.

 -        Par ailleurs il est possible de consulter les dossiers des officiers en s’adressant au SHD de Vincennes et des soldats au Service du personnel des armées à Pau.

 -       Pour de nombreux militaires, les décorations obtenues lors de leur période d’active sont de précieux témoignages. La base Léonore des Archives nationales permet d’accéder aux dossiers des détenteurs de la Légion d’Honneur. Pour les autres décorations, il faut également s’adresser à Pau, consulter le bulletin officiel ou encore les série M et R des archives départementales (ou W pour la période contemporaine).  

Enfin, aux Archives nationales  275 livres d’or numérisés pour presque toute la France, par département : Les Archives nationales conservent ainsi pour chaque commune française, la liste des soldats Morts pour la France, classée par ordre alphabétique des départements puis des localités. Ces listes nominatives communales permettent de connaître les nom et prénom de chaque personne, ainsi que la date et le lieu de son décès. Le lieu de sépulture, en revanche, n'est pas indiqué. Ce ne sont pas forcément les mêmes noms que ceux présents sur les monuments aux morts. Seine-Inférieure

Un incontournable

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Mémoire des hommes

Ce site du ministère de la Défense propose une rubrique spécifique pour la première guerre mondiale : mort pour la France, fusillés, journaux de marche... et bien d'autres ressources qui sont régulièrement complétées.

Les sépultures militaires

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-        Sépultures privées : les fichiers des sépultures des victimes de 1914-18 se trouvent dans les directions interdépartementales des Anciens combattants et Victimes de guerre.

-        Cimetières militaires : la base Sépultures de guerre permet de connaître le lieu d'inhumation des personnes décédées au cours des conflits contemporains et enterrées dans les nécropoles nationales et les carrés militaires communaux entretenus par le ministère de la Défense, aussi bien en France qu'à l'étranger.

Par ailleurs il existe des programmes de photographies des lieux de sépultures militaires de la guerre 1914-1918 avec une possibilité de recherche par nom ou lieu de naissance.